- reléguer
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• 1370; lat. relegare1 ♦ Dr. rom. Exiler dans un lieu déterminé, sans privation des droits civils et politiques. ⇒ bannir, exiler. L'empereur fit reléguer Ovide.2 ♦ (fin XVIIe) Cour. Envoyer, placer, maintenir en un lieu écarté ou un endroit médiocre. ⇒ confiner, exiler. Pourquoi « M'avez-vous sans pitié relégué dans ma cour ? » (Racine). On l'a relégué au fond de l'appartement. — (Choses) Reléguer un objet au grenier. — Sport Rejeter à une position inférieure. Équipe reléguée à la sixième place.♢ Fig. Mettre, maintenir dans une situation médiocre. « Vigny se sentait injurieusement relégué [...] au second plan » (Henriot). Le prolétariat, « cette multitude jusque-là reléguée dans son impuissance » (Lamartine). — « Reléguer un rêve “parmi les chimères” » (Sand).Synonymes :- exiler- expulser- remiserRejeter quelqu'un à une position inférieureSynonymes :- confinerreléguerv. tr. Mettre (qqch dont on ne fait plus cas) à l'écart. On a relégué ce tableau dans l'antichambre.|| Fig. Envoyer dans un lieu retiré; confiner dans une situation, un emploi peu importants. Reléguer qqn au second plan.⇒RELÉGUER, verbe trans.A. — 1. HIST. DE L'ANTIQ. ROMAINE. Exiler quelqu'un dans un lieu déterminé sans le priver de ses droits civils et politiques. Pilate se tua à Vienne en Dauphiné où il aurait été relégué pour le reste de ses jours (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1898, p. 37).2. DR. PÉNAL. Condamner quelqu'un à la relégation. Ils furent tous relégués dans une île (Ac. 1878, 1935).B. — P. ext. Maintenir, rejeter quelqu'un/quelque chose dans un lieu à l'écart ou peu prisé. Reléguer aux derniers rangs. Son évêque l'avait, malgré ses supplications, relégué dans le poste le plus lointain, châtiment rigoureux et mérité de son excessive noblesse (BLOY, Journal, 1907, p. 352). Le merveilleux portrait de Vallier [par Cézanne], et la nature morte aux têtes de mort, qui se haussent au niveau des meilleurs Rembrandt, ont été relégués dans le coin le plus sombre de l'Orangerie (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 118).C. — Au fig. Rejeter, maintenir dans une situation médiocre. Ils reléguaient tous leurs autres camarades dans les catégories inférieures (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 321). Empl. pronom. réfl. Madame Maurice Barrès, véritable Cornélie, déesse du foyer, tout en croyant se reléguer au second plan d'une madame Mistral, est la Minerve, la cheville ouvrière de l'œuvre politique et littéraire de l'époux (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 48).— P. anal. Il suffirait qu'une force française importante réapparût sur les champs de bataille pour que toutes autres questions fussent reléguées aux accessoires (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 10).REM. 1. Relégable, adj., hapax. [Corresp. à supra A 2] Passible de la relégation. Qu'est-ce que tu fais donc là, gars Arsène? qu'il me demande. (...) T'es relégable (...). À quoi que ça me servirait de vous faire du mal. Je devrais avoir votre peau, et ça n'est pas la Guyane que je risquerais, mais Deibler (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1284). 2. Relégué, -ée, part. passé en empl. subst., dr. pénal. Pendant la durée de la libération conditionnelle, les relégués sont soumis à l'interdiction de séjour (RÉAU-ROND. 1951).Prononc. et Orth.:[
], (il) relègue [
]. Ac. 1694, 1718: releguer, dep. 1740: -lé-. Étymol. et Hist. 1. 1372-74 « exiler dans un lieu déterminé » (N. ORESME, Le Livre de Politiques d'Aristote, éd. A. D. Menut, f ° 121d, p. 163: bannir ou releguer); ca 1590 « mettre, maintenir (un être, une chose) dans un lieu écarté » (MONTAIGNE, Essais, III, 10, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1010: l'eremite relegué aux deserts d'Arabie); 2. 1680 au fig. (RICH.: Les belles lettres anciennes sont presque bannies du commerce du monde, et reléguées dans la poussiere et l'obscurité de quelques cabinets); 3. 1890 part. passé subst. relégué « individu condamné à être interné et à travailler dans un territoire colonial déterminé » (Lar. 19e Suppl.); 1904 reléguer « interner dans une colonie » (Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. relegare « éloigner, bannir », dér. de legare « envoyer, déléguer ». Fréq. abs. littér.:388. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 726, b) 380; XXe s.: a) 564, b) 484.
reléguer [ʀ(ə)lege] v. tr. [CONJUG. céder.]ÉTYM. 1370, antiq. rom.; lat. relegare.❖1 Dr. rom. Exiler dans un lieu déterminé, sans privation des droits civils et politiques. ⇒ Bannir (cit. 2), exiler.1 L'empereur ne le fit point (Ovide) condamner par un arrêt du sénat, et il se servit du terme de reléguer, qui, dans le droit romain, était plus doux que le terme bannir.♦ (Fin XIXe). Mod. Dr. pén. Condamner à la relégation; bannir en obligeant à résider ou en internant hors de la métropole.2 (Fin XVIIe). Cour. Envoyer, placer, maintenir en un lieu écarté ou un endroit médiocre. ⇒ Confiner, exiler. || « Pourquoi… M'avez-vous sans pitié relégué dans ma cour ? » (→ Exclure, cit. 4). || On l'a relégué au fond de l'appartement. — Par ext. || Un grabat où ses malheurs l'avaient reléguée (→ Expier, cit. 4). — (Choses). || Reléguer un objet dans un coin, au grenier. ⇒ Colloquer; fam. ficher, foutre.2 À gauche se trouvent les archives et la pièce où, parmi des débris de toutes sortes, est relégué, il faut le dire à la honte des Grenadins, le magnifique vase de l'Alhambra (…)Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 166.3 (…) Talleyrand la reléguait (sa femme) le plus souvent en quelque maison de campagne où, rarement, il lui rendait visite.Louis Madelin, Talleyrand, V, XXXIV.♦ (1694). Fig. Mettre, maintenir dans une situation médiocre. || Vigny se sentait relégué au second plan (→ Précurseur, cit. 1). || Le prolétariat (cit. 1) jusque-là relégué dans son impuissance. || Reléguer qqn au nombre des ratés. — Reléguer une idée. ⇒ Abandonner, écarter. || Reléguer un rêve « parmi les chimères » (George Sand, la Mare au diable, p. 17).4 Vous savez, mon ami, qu'on a relégué dans la classe des peintres de genre les artistes qui s'en tiennent à l'imitation de la nature subalterne et aux scènes champêtres (…)Diderot, Salon de 1769.——————relégué, ée p. p. adj.♦ || Condamné relégué. ⇒ Banni, exilé. — Mod. Condamné à la relégation (2.). — N. || Un relégué.5 — Où avez-vous trouvé celui-là ?— Oh, monsieur le Ministre, au bagne, évidemment c'est un relégué. D'ailleurs, un simple passionnel (…)Malraux, Antimémoires, p. 179.❖DÉR. Relégable, relégation.
Encyclopédie Universelle. 2012.